La Persona est le masque, l’ensemble des rôles que l’individu accepte de jouer dans sa vie, afin de s’adapter à son environnement. Elle agit comme une protection, mais peut aussi couper l’individu d’une partie de lui même.
La Persona fait partie des grands archétypes Jungien. L’archétype peut être considéré comme une matrice, un schéma de référence universel. Dans l’archétype, il y a du plus et du moins, mais ce qu’il faut retenir c’est qu’il est là pour nous enseigner quelque chose afin que nous l’intégrions.
La Persona témoigne de la façon dont on communique avec le monde, de comment les autres nous perçoivent en fonction de ce que l’on veut bien montrer de nous même.
Elle représente la façon dont je suis reconnu et comment je me montre au monde extérieur.
En thérapie, il est intéressant de mettre en lumière cette double fonction de protection du Moi face à la réalité extérieure et celle d’adaptation aux exigences sociales. Le patient pourra alors s’interroger sur la constitution de sa Persona (frustrations enfantines, conventions sociales, pulsions, modes éducatifs…).
Le travail thérapeutique consistera à différencier le Moi et la Persona de sorte qu’elle se pose en partenaire du Moi.
Lorsqu’elle est bien positionnée, la Persona permet une relation souple et adaptée au monde extérieur tout en respectant la réalité intérieur du sujet.
Parfois, la Persona est mal positionnée. Le Moi peut s’identifier à la Persona, ce qui fait que le comportement de la personne sera le même quelles que soient les circonstances extérieures.
A l’inverse, si la Persona est éliminée, le Moi sera comme happé par le monde extérieur qui va le dominer d’une manière plus ou moins tyrannique. Le sujet pourra perdre le contact avec sa réalité et ses besoins propres.
Dans son oeuvre, C.Jung décrit la Persona :
« La persona est un ensemble compliqué de relations entre la conscience individuelle et la société […] une espèce de masque que l’individu revêt ou dans lequel il se glisse ou qui, même à son insu, le saisit et s’empare de lui […] il vise d’une part à créer une certaine impression sur les autres, et d’autre part à cacher, dissimuler, camoufler, la nature vraie de l’individu. » Dialectique du Moi et de l’inconscient, p 153
Il faut être attentif, car la Persona peut nous empêcher de révéler et de réaliser celui ou celle que nous sommes véritablement. En effet, pour certains la Persona sert de “faux moi” qui les empêche de rentrer en relation vraie avec le monde extérieur. Nous sommes juste quand nous répondons aux désirs du Moi.
La thérapie est le lieu idéal pour questionner ses propres représentations. S’interroger sur sa Persona (tout comme d’autres archétypes Jungiens : Anima / Animus, l’Ombre etc.) permet d’affirmer sa différence, de devenir plus autonome et de reprendre le pouvoir.
« Nous sommes des personnages et nous jouons notre rôle plus ou moins bien ». P Janet l’évolution psychologique de la personnalité.
C’est ce travail de différenciation que Jung appelle le processus d’individuation. Processus au cours duquel une personne s’approche de plus en plus du centre de son être. Dans cette vision, l’inconscient ne se réduit pas seulement à des aspects de soi refoulés et obscurs, il constitue aussi un réservoir de ressources et de potentiels en gestation.
Ainsi, les symptômes (difficultés de vie, problèmes psychiques) sont à considérer comme des messages de l’inconscient mobilisant l’individu vers sa propre cohérence.
En thérapie, prendre conscience de la différence entre l’image que les autres ont de nous et ce que nous sommes intérieurement permet à la fois de préserver son monde intérieur et de s’ajuster de façon créative aux événements du monde extérieur.